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Le Risque Climatique en finance 

Septembre 2019

Jean-Baptiste Cottenceau
24/09/2019
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Source : https://heraultjuridique.com
Une finance verte ?

Finance for tomorrow, organisme réunissant l’ensemble des acteurs de la Place de Paris engagés pour une finance plus soutenable, a publié ce mois-ci un rapport sur la finance verte. Leur but ? Créer un référentiel commun pour les acteurs financiers en leur fournissant des outils d’analyse du risque climatique et une méthodologie pour leur utilisation.  Pour vous faire gagner du temps, Sustainable Metrics vous en a résumé les principales idées. 

Une augmentation des événements climatiques extrêmes, source : leparisien.fr 

Vers une homogénéisation des outils et méthodologies d'analyse du risque climatique






C’est en 2015 que la notion de finance verte a vu le jour. En effet, l’article 2 des Accords de Paris demandait de rendre :

 

  • les flux financiers compatibles avec les objectifs de réduction d’émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) 
  • le secteur financier résilients aux conséquences du changement climatique.

 

Identifier les risques

Trois crises majeures, issues du dérèglement climatique, menacent le secteur financier. Il devient donc primordial d’identifier les risques et de les rendre intelligibles pour tous les acteurs.

  • Le risque physique : la finance est directement exposée aux aléas climatiques. Il est nécessaire de prendre en compte d’une part, l’augmentation des événements climatiques extrêmes, et d’autre part, la forte probabilité d’événements chroniques comme l’augmentation des régimes de précipitations ou l’évolution des filières agricoles. Le risque physique a des impacts potentiels sur la chaîne de valeur (problèmes logistiques, modification de la demande) mais aussi sur la valeur des actifs (frais de fonctionnement, infrastructures).
  • Le risque de transition qui traduit les conséquences de la mise en place de stratégies et de modèles économiques bas carbone sur les actifs financiers. Afin d’éviter la baisse de valeur des actifs, le secteur doit identifier les opportunités sur le long terme et s’aligner sur des trajectoires bas carbone.

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Les analyses du risque de transition se fondent sur des modèles mathématiques d’évaluations intégrés (MEI) qui prennent en entrée des données physiques et économiques et renvoient en sortie des scénarios probables.

  • Le risque de responsabilité juridique constitue l’ensemble des compensations que devra payer une personne morale si elle est jugée coupable de dégâts notables sur l’environnement. Pour le moment certains Etats connaissent des attaques en justice, notamment en France avec l’Affaire du siècle (2018). Des procès citoyens contre des acteurs privés se développent également, comme aux Etats Unis avec le procès Conservation Law Fondation v. Shell Oil Products US.

 

Recenser les outils et méthodologies

S’il on veut aligner la France sur une trajectoire à 2°C, il devient crucial d’harmoniser les outils d’analyse du risque climatique. Parmi ces outils, on compte :

  • Le bilan carbone : mesure du carbone nécessaire à une entité tout au long de la supply chain. Il donne une idée de la dépendance d’une entité au carbone et mesure ainsi indirectement le risque de transition (surcoût du carbone, réglementation plus forte ou ruptures technologiques). Deux méthodologies sont actuellement employées : celle de l’ADEME et le GHG protocol. Pour plus d'explications sur l'outil.
  • Les indicateurs du risque climatique :
  • Le score d’exposition au risque
  • La part verte / part grise
  • Les indicateurs d’impact financier (modèles économiques historiques) et d’alignement sur une trajectoire 2°C (macro-indicateurs)
  • Une analyse qualitative pertinente, fondée sur la stratégie globale et les valeurs des investisseurs, demeure nécessaire face à la diversité des outils et indicateurs, parfois sources d’incompréhension pour les acteurs.

Le rapport fournit également une cartographie des méthodologies d’analyse du risque climatique.

 

Comprendre les perspectives réglementaires

A l’échelle nationale, la loi de transition énergétique pour la croissance verte (2015) rend obligatoire la transparence des acteurs privés. Pourtant, on constate de seules 50% des entreprises respectent ces normes de transparence, 44% ne donnent pas suffisamment d’éléments et 6% ne reportent rien. La déclaration des performances extra financières a été renforcée par la loi Energie-Climat (juillet 2019). Les conséquences RSE sont à retrouver dans notre article BEST-OF 2019.

A l’échelle Européenne, le HLEG, comité d’experts sur le climat a publié en mars 2018 son plan d’action pour la finance durable. Il s’articule autour de 10 axes stratégiques présentés ci-dessous : 

10 axes strategiques 

Finalement, du point de vue des banques centrales, et dans un désir de généralisation de la finance verte, la Banque de France et 7 autres banques centrales ont créé un réseau, le NGFS, en décembre 2017 à l’occasion du One Planet Summit. Il compte aujourd’hui 42 membres sur 5 continents. Le réseau veut fournir aux banques centrales une méthodologies et des outils de quantification et de réduction des risques climatiques. Il publie son premier rapport en avril 2019 intitulé « A Call for action » dans lequel il développe 6 recommandations non contraignantes :

  • Intégrer le risque climat dans le suivi de stabilité financière
  • Intégrer le développement durable dans la gestion des portefeuilles pour compte propre
  • Améliorer la transparence et l’accès aux données
  • Renforcer la capacité d’analyse et la sensibilisation aux risques
  • Renforcer le reporting sur des bases méthodologiques communes
  • Favoriser le développement d’une taxonomie des entreprises

Pour aller plus loin, des fiches thématiques complémentaires sont disponibles dans le rapport complet de Finance for tomorrow.

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Source : Le risque climatique en finance, Finance for tomorrow.