Sur presque tout le territoire, le 10 janvier marquera le début des soldes d’hiver. Ils se poursuivront cette année jusqu’au 20 février.
Hormis quelques dérogations pour certains départements, seules deux périodes de six semaines peuvent se prévaloir de l’appellation « soldes » : celle à compter du deuxième mercredi de janvier et celle qui suit le dernier mercredi de juin. Ce sont les seuls moments de l’année civile durant lesquels les commerçants ont le droit de vendre à perte. Avec, parfois, la tentation de brader… « Je conseille toujours à mes clients d’être prudents. Faire du chiffre d’affaires, c’est bien, faire du bénéfice, c’est mieux », prévient Jean-François Cottin, expert-comptable, commissaire aux comptes et associé du cabinet Fideliance.
Cette réglementation stricte pousse les entreprises à s’adapter, car la période est faste en chiffre d’affaires. « Certaines créent des collections spécialement pour les soldes. Elles n’hésitent pas à les proposer à un prix un peu plus élevé durant le mois qui précède, afin que les réductions aient l’air importantes », note Jean-François Cottin. Enfin, si beaucoup de magasins n’échangent ni ne remboursent les articles soldés, ils sont légalement obligés de reprendre les produits en cas de vice caché, ce que beaucoup de clients ignorent.
En dehors de ces périodes, les commerçants ne se privent pas pour faire des offres promotionnelles sous d’autres formes : promotions en ligne, déstockages, ventes privées, Black Friday … Selon une étude de la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France, 61 % des commerçants ont organisé des ventes privées avant le démarrage des soldes, en juin 2017. Et le Black Friday est en passe de devenir la plus grosse journée de l’année pour les commerçants. Résultat : les soldes se retrouvent noyés dans l’ensemble des promotions de l’année. Du coup, toujours selon la CCI Paris Ile-de-France, 62 % des commerçants parisiens souhaiteraient réduire leur durée à quatre semaines. En effet, de nombreux commerçants ne disposeraient pas de stocks suffisants pour alimenter six semaines.
Les changements dans les habitudes de consommation ont conduit Bruno Le Maire à déclarer vouloir ouvrir, « après les soldes d’été, une concertation avec tous les acteurs du commerce pour rendre les soldes encore plus efficaces ». Et le ministre d’évoquer une réduction de la durée, une meilleure articulation avec le commerce en ligne ainsi qu’un changement de dates. Les soldes de l’été 2018 – dont la date est d’ores et déjà fixée – échapperont à toute éventuelle nouvelle réglementation. Pour la suite, l’arbitrage sera difficile. Car quand les commerçants indépendants souhaitent des soldes plus tardifs – les consommateurs n’achetant plus en présaison -, les grands groupes entendent se rapprocher des dates anglo-saxonnes de fin décembre.
Source : Les Echos Executives, le 10 janvier 2018