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La COP 25, un échec ?

Jean-Baptiste Cottenceau
16/12/2019
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Source : Le Parisien
La COP la plus longue de l'histoire...

La COP 25 en aura vu de toutes les couleurs. Après le désistement du Chili en raison des mouvements de contestation qui agitaient le pays, la COP a été accueillie par Madrid et s'est terminée le 15 décembre, après 42 heures de prolongations. Pourtant la COP 25 semble être un échec, très loin des attentes des scientifiques, des militants du monde entier et des ONGs...

Source : France Culture

Quatre ans plus tard, des pays qui n'arrivent toujours pas à se mettre d'accord sur les règles du jeu

Relever l'ambition

Les média déplorent l'incapacité des pays signataires à relever l'ambition. Concrètement qu'est ce que cela signifie ? Commençons par un petit rappel historique : 

Le protocole de Kyoto, adopté en 1997 était le premier à fixer des objectifs contraignants en termes d’émissions de GES. Ces contraintes portaient sur les pays "développés", historiquement responsables des émissions pour la période pré-2020. Afin de réduire effectivement les émissions, le Protocole de Kyoto prévoyait notamment la mise en place d'un système international d’échange de quotas.

La COP 21 devait établir une feuille de route des ambitions pour la période post-Kyoto. En effet, avec l'article 6 des accords de Paris, elle devait voir la mise en place de l'interconnexion des marchés du carbone existants. Les accords de Paris reposent ainsi sur le principe de renouvellement des contributions nationales (NDC) qui correspondent aux engagements pris par les signataires pour lutter contre le réchauffement climatique, réduire les émissions de GES et s'adapter aux effets du changement climatique.

Pourtant qu'en est-il aujourd'hui ?

Nous sommes forcés de constater que, lors de la COP 25, 80 pays, représentant seulement 10,5% des émissions mondiales, se sont engagés à relever l'ambition en termes de réduction de GES. Les plus gros émetteurs tels que les US, la Chine et l’Inde sont les grands absents.

Pourquoi un tel manque d'engagement ? 

Parmi les multiples raisons, il nous faut souligner le retrait des Etats Unis des accords de Paris. Le processus a été enclenché le mois dernier et les autres signataires sont dans l'attente des élections présidentielles de Novembre 2020 qui pourraient encore renverser la balance.

De plus, les BRICs, tenus de s'engager pour la période post-2020, ont demandé des comptes aux pays historiquement émetteurs, dénonçant le manque d'information sur les actions effectivement réalisées pendant la période pré-2020. Ils ont obtenu la mise en place de tables rondes entre 2020 et 2021 pour que les pays "développés" puissent faire un retour sur leurs engagements depuis le Protocole de Kyoto, leurs actions et les résultats associés.

Les pertes et préjudices 

Des événements climatiques tels que la montée du niveau des mers, la submersion irréversible d’îles, ou la salinisation des terres agricoles entraînant le déplacement de populations sont inévitables pour certains pays, quelque soit leur niveau d'adaptation. Les pays les plus vulnérables peuvent être considérés comme les grands perdants de la COP 25. En effet, malgré la mise en place du "réseau de Santiago" dont le but est de "catalyser" l’assistance technique déjà apportée par diverses organisations et d’en faciliter l’accès aux pays vulnérables, aucun financement spécifique ne leur sera dédié.

Concernant plus généralement la finance climat sur le long terme, beaucoup de discussions ont porté sur les fonds verts mais aucun agenda n'a pu être établi pour les années à venir. 

Un point positif ?
La COP a reconnu l'importance d'inclure la biodiversité dans la lutte contre le changement climatique et a applaudi la qualité du dernier rapport du GIEC sur les océans et la biodiversité. 

La COP 26, un nouvel espoir ?

 La COP 25 n'a donc pas répondu à l'urgence climatique et a été en déphasage complet avec la prise de conscience citoyenne qui a défini l'année 2019. La plupart des décisions ont été reportées à la COP 26 qui se tiendra à Glasgow en Novembre 2020. Un consensus sur des règles communes verra-t-il le jour ? Les ONGs telles qu'Oxfam appellent à continuer la pression des mouvements citoyens sur leurs gouvernements d'ici là.

A suivre...

Sources 

Sur les marchés du carbone

Actu Environnement

UNFCCC